Les justices américaine, européenne et russe enquêtent sur des pots de vin qu'aurait versés le numéro un mondial des ordinateurs pour obtenir des marchés en Russie, entre 2000 et 2003. Les principaux responsables auraient déjà quitté le groupe.
Hewlett-Packard se voit rattrapé par une affaire de corruption en Russie remontant à plusieurs années, du temps de l'ancienne équipe de direction menée par Carly Fiorina, limogée en 2005. Le numéro un mondial des ordinateurs est soupçonné d'avoir versé 8 millions de dollars de dessous-de-table pour remporter des contrats de 35 millions d'euros au total en Russie en 2000 et 2003, portant sur la fourniture d'équipements à des parquets russes, dont le bureau du procureur général de la Fédération russe.
L'enquête mobilise les autorités russes, allemandes et désormais américaines. En outre la justice allemande a lancé "des demandes d'entraide judiciaire à une série de pays en Europe et hors d'Europe" pour reconstituer les circuits empruntés pour verser les pots-de-vin, a expliqué le porte-parole du parquet général de Dresde (est), Wolfgang Klein, interrogé par l'AFP. C'est à la demande des Allemands que les autorités russes ont perquisitionné mercredi les locaux moscovites de Hewlett-Packard (HP), a-t-il indiqué.
Une affaire vieille de 7 ans
Le groupe lui-même, dirigé par Mark Hurd depuis 2005, a limité au maximum ses commentaires, soulignant qu'il s'agissait "d'une enquête portant sur des allégations de faits qui auraient été commis il y a près de sept ans, largement par des employés ne travaillant plus pour HP".
En fait, on a appris de source informée que parmi six personnalités visées par la justice allemande dans cette affaire, deux étaient d'anciens employés de HP, et un autre fait encore formellement partie des effectifs même s'il a été mis à pied il y a plusieurs mois. Il s'agirait de "cadres dirigeants" des opérations européennes du fabricant informatique, selon cette source. Trois autres sont des gérants de sociétés partenaires, selon la justice allemande. D'autre part trois personnes supplémentaires ont été mises en cause en Russie.
L'argent semble avoir transité via des sociétés écrans et des comptes en Grande-Bretagne, Autriche, Suisse, Lituanie et Lettonie, mais aussi aux Iles Vierges Britanniques, au Belize et en Nouvelle-Zélande, selon M. Klein.
L'ancienne patronne déstabilisée en pleine campagne électorale
Mme Fiorina, actuellement en campagne électorale en Californie, s'est vu forcée de réagir, par l'intermédiaire de sa porte-parole, à cette affaire qui a été rapidement récupérée par ses adversaires politiques pour l'attaquer. "Carly ne sait rien de ces actions présumées", a déclaré la porte-parole Amy Thoma, affirmant que "quand elle était directrice générale de HP, si elle avait eu connaissance de tout comportement illégal ou irrégulier d'un employé, (Mme Fiorina) aurait immédiatement pris des mesures pour s'en séparer", a ajouté Mme Thoma.
A sa décharge, l'analyste indépendant Rob Enderle s'est souvenu que Mme Fiorina s'était livrée à une purge de l'état-major européen du groupe "environ un an avant son départ. Je crois que la société avait conscience qu'il y avait un problème", a ajouté M. Enderle. "Cela s'est passé quand elle était aux commandes, mais derrière son dos", a-t-il ajouté.
"Ce qui reste à voir, c'est comment HP réagit à cette menace pesant sur sa réputation, et quelles mesures il prend pour renforcer son cadre opérationnel pour éviter que cela se reproduise", a déclaré un autre analyste indépendant, Carmi Levy.
L'état-major ayant été profondément remanié depuis le départ précipité de Mme Fiorina en 2005, poussée dehors par son conseil d'administration après des mois d'acrimonie, les investisseurs n'ont pas prêté la moindre attention à l'affaire. Le titre est resté stable à la Bourse de New York, les analystes s'intéressant plus aux perspectives de croissance du marché informatique.
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