mercredi 5 mai 2010

Apple menacé d'une enquête antitrust aux Etats-Unis

Saisis d'une plainte d'Adobe, la Federal Trade Commission et le département de la Justice hésitent à ouvrir une enquête pour entrave à la concurrence. L'éditeur du logiciel Flash reproche à Apple de l'avoir exclu du formidable marché de l'iPhone et de l'iPad. Il demande au régulateur d'empêcher un abus de position dominante. Mais rien n'est décidé.
Poursuivra, poursuivra pas ? Saisis d'une plainte d'Adobe, la Federal Trade Commission (FTC) et le ministère américain de la Justice (DoJ) s'interrogent sur l'opportunité d'ouvrir une enquête contre Apple pour entrave à la concurrence. Adobe, l'éditeur du logiciel Flash, ne digère toujours pas la décision -brutalement exprimée par Steve Jobs ces derniers jours (« Les Echos » du 3 mai) -de bannir cette technologie vidéo de ses terminaux mobiles iPhone et iPad.

Un oukase qui soumet Adobe à la loi du plus fort et le prive d'un formidable marché. Apple a en effet vendu 85 millions d'iPhone et d'iPod, qui bénéficient désormais de 200.000 applications. Et l'iPad, la nouvelle tablette d'Apple, devrait contribuer à étendre encore l'influence de la firme à la pomme : 1 million d'exemplaires ont été vendus lors du premier mois de commercialisation aux Etats-Unis…

Sans surprise, Adobe estime que l'ostracisme dont il est victime lui est fortement préjudiciable. Pour l'instant, ni la FTC ni le DoJ ne veulent encore indiquer quelles suites - s'ils en donnent -ils accorderont à cette demande.
Empêcher un abus potentiel

Tout porte à croire néanmoins qu'elle ne sera pas classée sans suite. En effet, l'administration actuelle a montré, depuis son arrivée au pouvoir, qu'elle n'hésite pas à s'en prendre aux plus beaux fleurons de l'industrie high-tech, comme Google ou Intel.

Mais, surtout, consciente qu'une grande partie de l'avenir d'Internet est en train de se jouer dans les terminaux mobiles, elle cherche à faire en sorte que l'écosystème qui émerge ne soit pas d'emblée confisqué par quelques grands acteurs. D'où, par exemple, les investigations menées actuellement suite à l'acquisition d'AdMob par Google, dans la publicité sur mobiles, qui pourraient déboucher sur une enquête officielle, voire la décision de bloquer la transaction.

Le gouvernement américain s'intéresse également de près à la stratégie du « jardin protégé » (« wall garden ») adoptée par Apple : un modèle qui consiste à faire de l'AppStore, l'espace logiciel réservé à ses iPhone et iPad, un club fermé, réservé aux développeurs agréés par la firme. Les autorités antitrust craignent que l'AppStore ne rassemble un jour l'essentiel du marché de l'offre d'applications et de services pour terminaux mobiles. Ces derniers mois, ses agents ont donc multiplié les enquêtes officieuses auprès des différents acteurs concernés.

Pour autant, intenter un procès antitrust à l'encontre d'Apple n'est pas une mince affaire. Le comportement de l'entreprise californienne rappelle peut-être à certains celui de Microsoft, à l'époque où le géant du logiciel choisissait ostensiblement les gagnants et les perdants du marché du PC. Mais la situation n'est pas encore comparable. Et le délit « d'abus de position dominante à venir » n'est pas encore une notion juridique établie. Aussi, pour tester la bonne volonté d'Apple, la FTC pourrait bien lui demander d'adopter une position plus « ouverte » à l'égard de ses rivaux, sans prendre de mesures coercitives. Pour l'instant.

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