Ils sont 38, sont considérés comme la fine fleur des développeurs de jeu vidéo de guerre, et se sont rassemblés devant la justice sous l'appellation "groupe d'employés d'Infinite Ward", du nom de leur studio de développement. Leur nouveau conflit ne se déroulera pas au pays des pixels mais dans les prétoires. Ils réclament à leur ancien éditeur, le géant Activision, plus de 100 millions de dollars. Comme l'a révélé le site g4tv.com, ils viennent de déposer devant une cour californienne une plainte pour rupture de contrat, violation du code de travail de l'Etat et non-paiement de royalties.
Modern Warfare, la série de jeux de guerre qu'Infinite Ward a développée pour Activision, a été une des plus vendues dans le monde ces dernières années : une manne dépassant le milliard de dollars par jeu pour l'éditeur racheté par le groupe français Vivendi. Il y a deux ans, TF1 News avait pu suivre en exclusivité le développement du premier opus, guidé dans le studio par un de ses patrons, Jason West (retrouvez ici son interview).
Un scénario de film
L'homme s'est fait virer d'Infinite Ward de manière spectaculaire il y a deux mois pour "rupture de contrat et insubordination" avec l'autre dirigeant historique du studio, Vince Zampella. Les deux compères ont déjà fondé une nouvelle entité, Respawn, et signé dans la foulée un méga-contrat avec l'ennemi juré d'Activision, l'américain Electronic Arts. La plupart de leurs anciens développeurs ont pris la poudre d'escampette pour venir les rejoindre. "Activision doit à ces développeurs entre 75 et 125 millions de dollars", a expliqué Bruce Isaacs, un de leurs avocats à g4tv.com, "l'éditeur a retenu la plupart de l'argent qu'il leur devait pour les forcer à rester, parfois contre leur gré, pour qu'ils finissent Modern Warfare 3. Il n'en a pas le droit". Un avocat a répliqué au site que cette action "est sans fondement"' et fait valoir qu'Activision "garde la prérogative de déterminer le montant et le calendrier des versements des bonus pour Modern Warfare 2".
Ce combat cristallise les rapports souvent tendus entre les éditeurs, les "businessmen" (qui font pression pour que les studios tiennent les dates de sortie des jeux, le plus souvent avant Noël), et les développeurs, forcément plus populaires auprès des joueurs, qui réclament souvent du temps pour fignoler leurs "bébés" et exigent le "final cut" sur leurs titres. C'est une resucée des tensions entre les producteurs et le réalisateur d'un film au cinéma. Le jeu vidéo a beaucoup emprunté au 7e art, le voilà maintenant qui lui pique ses histoires de pouvoir et de gros sous.
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