dimanche 18 avril 2010

Fini l'adolescence, Twitter passe à l'âge adulte


Twitter n'a que deux ans et demi mais déjà tout d'un adolescent. Le réseau social de mini-messages qui revendique plusieurs millions d'utilisateurs quotidiens dans le monde est fasciné par les people, dépense plus d'argent qu'il n'en gagne et n'est pas capable d'assurer sa propre sécurité, déjà mise à mal par le premier pirate venu. Mais Twitter a décidé de passer à l'âge adulte et sa métamorphose accélérée ne se fait pas sans quelques heurts.

Les pratiques de start-up du réseau social le rendent sympathique mais elles doivent cesser alors que le virage grand public reste à confirmer. "Depuis quelques mois, il y a clairement une ouverture au grand public mais si le nombre de ceux qui lisent des informations augmente bien plus vite que celui de ceux qui en produisent", note Benjamin Le Gren, chargé de communication virale sur le site de vidéo Wat (@wat_tv sur Twitter). "Reste aussi à savoir si ceux qui ont crée un compte poussés par l'euphorie médiatique se lasseront ou resteront sur le réseau", commente-t-il.

Des tweets plus égaux que d'autres

Cette audience croissante fait saliver les annonceurs et l'ultime annonce de Twitter va chagriner ceux qui s'étaient habitués à fréquenter la Twittosphère sans jamais tomber sur une pub. Twitter a présenté mardi sur son blog sa première offre publicitaire, destinée notamment à rassurer des investisseurs inquiets sur sa capacité à dégager des revenus. Le programme publicitaire "Promoted Tweets" va être déployé dans un premier temps auprès de 2% à 10% des utilisateurs de Twitter, uniquement via les recherches effectuées sur le site, a expliqué son porte-parole Sean Garrett.

Les "promoted tweets" seront des messages courts comparables à ceux envoyés par millions par les utilisateurs du site mais seront rémunérées par des entreprises souhaitant les mettre en avant auprès d'un groupe plus large d'utilisateurs. Les utilisateurs commenceront à voir des tweets promus par les annonceurs partenaires en tête de certaines pages de résultats de recherche sur Twitter.com, à la manière des liens sponsorisés qui apparaissent en tête d'une recherche Google. En clair, la publicité ne viendra pas polluer leurs échanges avec leurs contacts mais une recherche sur le mot "ordinateur" pourra faire apparaitre un message émanant de Hewlett-Packard ou Apple avant celles des particuliers écrivant sur le réseau. Parmi les premiers annonceurs à utiliser ce nouveau support figurent la chaîne de distribution d'électronique grand public Best Buy, la boisson énergisante Red Bull, le studio de cinéma Sony Pictures, la compagnie aérienne Virgin America et les cafés Starbucks.

"Twitter pour iPhone"

L'autre révolution menée par Twitter a fait grincer des dents ces derniers jours dans la communauté des développeurs "amis" regroupés sous l'appellation "écosystème Twitter", tous ceux qui ont développé les fonctionnalités adossées au réseau social. Avec la bénédiction de Twitter, ils avaient jusqu'alors développé des outils pour le rendre plus performant : envoyer des photos sur le réseau, simplifier l'intégration de liens, ou encore consulter le site de micro-blogging de partout grâce à des applications développées pour téléphone portable.

Tout a changé vendredi. Dans un billet sur son blog officiel sobrement titré "Twitter pour iPhone", le réseau social a annoncé qu'il rachetait l'application Tweetie qui permet d'accéder au réseau, d'y consulter et envoyer des messages, depuis le téléphone d'Apple. Au passage, il la rebaptise donc "Twitter pour iPhone" et intègre son créateur, Loren Brichter, à son équipe de développeurs, notamment pour plancher sur une version de Twitter pour iPad.

L'empire contre-attaque

Pour gagner en maturité et gagner en maîtrise sur son réseau, Twitter a donc décidé de reprendre sous sa coupe des fonctionnalités devenues essentielles mais jusqu'ici "sous-traitées" à l'écosystème Twitter. Bien conscient de la polémique qui pouvait suivre, un des fondateurs de Twitter, se justifiait dans le même billet. "Les gens qui cherchent une application Iphone sous le nom Twitter et ne la trouvent pas sont perdus et laissent tomber", expliquait Evan Williams.

Rien n'y a fait. De nombreux développeurs ont pris la décision comme une trahison et accusé ceux dont ils sont persuadés d'avoir fait le succès de reprendre la main sur le réseau à leur détriment. A son tour, Ryan Sarver, responsable technique chez Twitter a dû adresser dimanche une déclaration d'amour aux développeurs de l'écosystème Twitter pour apaiser les esprits et leur promettre qu'il ne les abandonnerait pas. Depuis, le débat fait rage sur Twitter, chacun avançant ses arguments en 140 signes et à grands coups de liens (sous le thème #unionoftwitterapps). Comme souvent aux Etats-Unis, les râleurs sont en train de perdre la bataille. "Ne gémissez pas, innovez !", tranche quelqu'un. Bienvenue dans l'âge ingrat.

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